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Sources :
Biographie Tri Yann (offerte gracieusement par Patricia Téglia, Déclic Communication)
Livret du CD : Tri Yann En Concert.

TRI YANN

C'est en 1968 que Jean-Louis Jossic effectue son service militaire. Avant de partir, il s'achète une
bombarde et commence à en jouer le soir, dans la caserne de Nancy. C'est au cours de ses
permissions qu'il rencontre, dans un théâtre de rue auquel il participe, " deux types qui jouaient de la
guitare ", Jean-Paul Corbineau et Jean Chocun. Le premier est 'acheteur' en hypermarché, le
deuxième est 'assistant administratif' dans une compagnie maritime. Lui, Jean-Louis, enseigne
l'histoire et la géographie au collège de Savenay. Le 27 décembre 1970, ils interprètent la
Pastourelle de Saint-Julien, devant quelques amis et décident de se réunir pour le spectacle Folk
Song 70, qu'ils interprètent en janvier 71.

Parce que le spectacle avait plu, ils prirent la décision de continuer en s'intéressant à la musique
bretonne nantaise. En octobre 1971, alors qu'ils se produisent dans un bal breton, un danseur, de
leurs amis, les surnomme en rigolant les Tri Yann An Naoned (les Trois Jean de Nantes).

La même année, invités au festival de Kendalc'h, ils demandent à Bernard Baudriller (professeur
d'anglais) de les rejoindre à la contrebasse. Les Tri Yann An Naoned tournent à quatre dans les
MJC et autres milieux associatifs de la région nantaise. Leur ambition est, à l'instar d'Alan Stivell, de
faire sortir la musique bretonne de son cercle d'initiés (pour ne pas dire de son ghetto). Ils voulaient
faire revivre le sentiment de 'bretonnitude' en Loire-Atlantique.

En 1972, dans un bal breton organisé au profit de la langue bretonne par une association locale, ils
rencontrent Gilles Servat qui leur propose d'enregistrer un premier 33 tours sur son tout nouveau
label Kelenn (il venait d'y enregistrer 'La Blanche Hermine'). Kelenn, à la situation financière
encore fragile, décide de ne produire que 500 exemplaires du premier album Tri Yann An
Naoned. Les Trois Jean de Nantes en payent 500 autres de leurs deniers, qu'ils vendent "au cul
d'un camion" le soir même d'un concert donné gratuitement pour la reconstruction de la cathédrale
de Nantes, incendiée quelques temps plus tôt. Au programme ce soir-là, Glenmor, Servat et les Tri
Yann An Naoned. Les disques partent tous en une soirée. Le groupe investit alors dans un camion,
pour sortir de la région nantaise. Pendant l'été, le label Kelenn diffuse ce premier album. Jacques
Caillart, alors directeur commercial chez Phonogram (qui possède déjà Alan Stivell) et en vacances
à Brest, les découvre, en même temps que Servat. De retour à Paris, Jacques Caillart achète le
catalogue de Kelenn et produit du coup les Tri Yann An Naoned. Phonogram investit dans la
promotion du disque. Le groupe passe sur les ondes nationales de France-Inter (José Artur) et
Europe 1. Juliette Gréco invite le groupe en première partie de son Olympia 72. Ce dernier
change de nom pour devenir Tri Yann.

En 1973, pour ne plus 'manquer les cours' les deux professeurs du CEG de Saveney et leurs deux
complices, sous la pression de leur maison de disque, passent professionnels. Phonogram organise
un Musicorama spécial à l'Olympia, en compagnie de Servat et de Diaouled Ar Menez. C'est un
succès tel, que Bruno Coquatrix les invite à revenir en mai, en tête d'affiche du spectacle Keltia
73 et pour huit jours. Mais, le succès n'est pas au rendez-vous. Leur second Album aussi est un
échec. Dix Ans Dix Filles, réunit les titres qui n'avaient pas trouvé place sur le premier album.
Pourtant, la mode bretonne bat son plein. Tri Yann reste avant tout un groupe de scènes, aspect
primordial de sa carrière.

En 1974, la mode bretonne s'essouffle. La plupart des artistes disparaissent de la scène française et
's'enferment' en Bretagne. Pourtant, cette date marque l'essor du groupe, qui sort Suite Gallaise.
L'album mieux préparé que le précédent se vend bien. Cet album parait sous leur propre label,
Marzelle ce qui leur permet de prendre leurs distances avec les "majors compagnies".

En 1976, le groupe sort La Découverte ou l'Ignorance, rapidement disque d'or. Cet album
marque une étape nouvelle dans la composition et dans l'électrisation des instruments. Le groupe
'décolle' en France et à l'étranger, et prend de l'importance. Jérôme Gasmi devient le batteur de
Tri Yann. Il sera remplacé l'année suivante par Gérard Goron (l'actuel batteur du groupe). Cette
même année 1977, Tri Yann donne 120 concerts en France.

En 1978, alors que Tri Yann se produit de plus en plus à l'étranger (Belgique, Allemagne, Suisse...),
et triomphe devant 15.000 spectateurs à Nyon, le cinquième Album Urba voit le jour. L'année
suivante, Jean-Paul Corbineau quitte le groupe (qu'il réintègre en 1980). Christian Vignoles
(1979 - 1985) puis Mylène Coue (1979 - 1980) y font leur entrée.

Dans le même temps, de nombreux militants bretons critiquent le groupe pour la "facilité" de ses
interprétations. Jacques Vassal, dans un livre sur la musique bretonne, va plus loin en excluant de la
Bretagne un groupe qui ne chante qu'en français et en gallo. La réaction des Tri Yann ne se fait pas
attendre.

En 1981, ils fustigent le nucléaire et soutiennent les émeutes de Plogoff contre l'installation d'une
centrale nucléaire sur le magnifique site de la Pointe du Raz (la pointe ouest de l'Europe). An Heol
A Zo Glaz (Le Soleil est Vert) marque le début d'un nouveau rythme pour le groupe. Désormais,
chaque album devient une œuvre à part entière traitant d'un thème précis. Le groupe connaît un
creux commercial, alors qu'ailleurs, les ventes bretonnes s'effondrent. Jean-Louis Jossic considère
que la scène a sauvé le groupe. Même si les jeunes désertent leurs prestations, le public reste assez
fidèle. Ce léger repli est d'autant plus dur, que le groupe compte à présent six musiciens et une
équipe complète pour les tournées.

En 1983, le groupe se voit décerner le prix de la Critique du Disque, par la presse allemande.
Café du Bon Coin mélange les influences rocks et médiévales. Il faut noter deux titres
extraordinairement beaux, La Ville que j'ai Tant Aimée et les Chevaux du Méné-Bré. Dont les
versions en concert traduisent leur capacité à se renouveler et à s'adapter.

En 1985, le groupe connaît à nouveau des changements. Bruno Sabathe (claviers) fait son entrée,
en même temps que Louis-Marie Seveno (basse, violon) qui remplace Bernard Baudriller.
Christian Vignoles quitte à son tour les Tri Yann. Anniverscène est le premier album public,
réalisé à l'occasion des quinze ans de la formation (initiale). C'est à Nantes en mai, à la salle Paul
Fort, qu'a lieu l'enregistrement. Le concert s'ouvre sur un cantique breton (qui servit de bande
annonce à une série télévisée, pour enfants, appelée Bonne Nuit les Petits). Tri Yann enchaîne
ensuite, sur une interprétation très moderne et peu habituelle de Déjà Mal Marié.

Trois ans plus tard, en 1988, les Tri Yann orchestrent à leur tour une œuvre magistrale. Le
Vaisseau de Pierre (...), d'après Pierre Christin et Enki Bilal. Jean-Luc Chevalier
(ex-Magma) à la guitare, les rejoint. Le groupe passe à sept musiciens. Ce disque commémore un
fantastique spectacle musical avec danseurs et marionnettes géantes. 21 musiciens et deux chorales
montent sur scène pour une tournée française du spectacle. Artistiquement passionnant, il se révèle
financièrement catastrophique. Le disque se vend mal. Cet échec est certainement dû à la trop
grande importance visuel du spectacle, qui perd en sonorité nouvelle et en recherche musicale. Deux
ans plus tard, Belle et Rebelle rend hommage à Nantes. Jacques Demy vient de disparaître, les Tri
Yann lui dédient ce disque qui se vend normalement, mais sans excès. Malgré certains thèmes
particulièrement émouvants comme Gwerz Jorg Courtois (qui raconte la tentative d'évasion du
palais de justice de Nantes, de Georges Courtois) ou Les Pailles d'Or Brisées, le reste du disque
perd la chaleur habituelle du groupe. La musique devient trop électrique et ne porte plus
suffisamment le discours. L'année suivante, en 1992, Bruno Sabathe quitte la formation. Il est
remplacé par Christophe Le Helley (clavier, et instruments traditionnels) qui renforce l'ancrage
médiéval du groupe.

Ce n'est qu'en 1993, que Tri Yann renoue vraiment avec le succès commercial. La compilation
Inventaire, qui vient de paraître, atteint rapidement l'or. Une vidéo éponyme est tourné à l'Onyx de
Saint-Herblain, au festival Celtomania. Mais cette année est aussi celle du CIP (Contrat d'Insertion
Professionnel) qui voulait faire travailler les jeunes pour deux fois moins que le SMIC. Les Tri Yann,
en 'bons anciens professeurs', se révoltent à leur manière et, en compagnie d'EV et de Gilles Servat,
participent à un concert de soutien aux étudiants en colère. Ce concert est une révélation pour le
groupe qui découvre un jeune public 'plus fan' que la génération précédente. Malgré le recul des
années 1980, les jeunes bretons et les autres ont continué d'apprendre par cœur les chansons du
groupe, sans jamais les avoir entendues, ni à la radio, ni à la télévision. L'année suivante, Dan Ar
Braz sort l'Héritage des Celtes. La nouvelle vague celtique reprend pied sur la scène
internationale.

En 1995, Portraits, dédié à Guillaume Seznec, est enregistré à l'Abbaye de Fontevraud. Tri
Yann tire parti de l'acoustique extraordinaire du lieu. Bernard Baudriller rejoint le groupe en invité.
On retrouve, en première partie du disque, des thèmes chers aux bretons : Gerry Adams, Brian
Boru et surtout Anne de Bretagne. La deuxième partie du disque est consacrée uniquement à la
réhabilitation de Guillaume Seznec. Tri Yann condamne un procès injuste et truqué, une
instruction tronquée, un juge marron et politiquement peu fiable. Le groupe dénonce aussi la mort
'peu catholique' de l'un des bretons les plus connus de l'ouest armoricain. Guillaume Seznec a été
condamné à 20 ans de bagne pour un crime sans motif, sans preuves et sans cadavre. Le 24
octobre 1997, le groupe inaugurera, à Sixt-Sur-Aff (56), par un concert, la première avenue
Guillaume Seznec (lequel n'est toujours pas réhabilité...).

Le concert de célébration de leur vingt-cinquième anniversaire à lieu dans l'Usine LU, à Nantes,
l'usine du 'petit beurre'. Tous les musiciens ayant partagé la vie du groupe et tous ceux 'sans qui...' se
retrouvent pour deux concerts exceptionnels. Un disque d'or leur est remis pour Inventaire 1. Le
public acclame le groupe et lui souhaite un bon anniversaire. Inventaire 2 est mis sur le marché.

En avril 1996, Tri Yann se retrouve à l'Olympia pour une unique soirée où, plus de deux mois avant,
les guichets avaient fermé. En novembre c'est au tour du Zénith de recevoir la formation qui accueille
10.000 spectateurs en deux jours. Un double CD Tri Yann En Concert, et une vidéo En
Coulisse, saluent l'événement. Ce dernier album marque le couronnement de la carrière du groupe.
Les plus beaux thèmes sont revisités et ré-interprétés. Le succès est immédiat.

Le 20 juin 1998, le projet réalisé par Hubert Soudant et Jean-Louis Jossic aboutit : L'Orchestre
National des Pays de la Loire rencontre Tri Yann pour une série de concerts. Un album devrait
paraître au début de l'automne.
 

Jérémie Pierre JOUAN.
 

Sources :
Biographie Tri Yann (offerte gracieusement par Patricia Téglia, Déclic Communication)
Livret du CD : Tri Yann En Concert.